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teatiny
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22 février 2014

I/III

 

IMG_1483© guillemette m.

 

 


Cent fois écrire et repenser l'histoire.

Tout d'abord, avant de me lancer tête baissée dans la rédaction de mes infortunes, j'aimerais souligner trois choses. La première est que celle-ci sera racontée dans la fluidité du temps. Elle reprendra un ensemble de mails datant des événements, ajoutés à un parterre de réflexions et de notes que j'ai accumulé dès mon retour en France, le 20 décembre. Débroussailler le champ de ronces qui s'est peu à peu tissé autour de cette expérience —il est probable que le récit en ressorte décousu et brumeux— par l'écriture me semble être le seul moyen d'envisager une fin à l'incessante torture du conditionnel passé.

La seconde chose, est la gratitude infinie que je dois aux personnes qui m'ont sortie psychologiquement du pétrin dans lequel j'avais malencontreusement mis les pieds, à savoir Alan & Merle Benson et Karen et Garry Bowden. Par leur présence, leurs conversations et souvent leur humour, ils m'ont permis à maintes reprises de garder le sens des réalités et des perspectives qui m'avaient été octroyées. Et si aujourd'hui, je ne peux avoir le cœur serré sans penser à Merle, le jour de mon départ, les larmes aux yeux, me disant « Aurevoir, my girl. » au pied d'un arrêt de bus fantôme, c'est que cette dernière et tendre étreinte, par cent fois je me la suis remémorée afin d'en retirer un réconfort et une force positive. Sa présence et nos échanges me manquent terriblement car je sais qu'il me sera difficile de la revoir, elle et son mari Alan. Je pense connaître la valeur des mots qu'ils m'ont donné et l'énorme gentillesse et soutien que ces personnes m'ont offerts sans aucune contrepartie. Je garde plusieurs images avec moi, une en particulier: le soir où je suis allée voir Merle pour lui raconter ma terrible journée ainsi que l'horrible sms que j'avais reçu après m'être fait un sang d'encre et m'être déplacée au commissariat de police, rongée par l'angoisse et la crainte, lorsque j'éclatai en sanglots en lui racontant ma journée et qu'elle me prit dans ses bras et que nous avons pleuré ensemble. Cette étreinte d'empathie qui me perça le cœur et me rappela la chaleur du foyer.
Home.
La tendresse.
Le centre de gravité.
Jusqu'au jour où nous avons dû nous séparer pour ne jamais nous revoir. Sans eux, je ne saurais même pas dire quels morceaux de moi-même j'aurais pu recoller après avoir subi la manipulation affective et psychologique quotidienne de mes hôtes.

Enfin, après avoir passé une de ces pires journées, à me faire un sang d'encre pour la vie de mon amie, après les insomnies et 3 jours d'angoisse à chercher conseils sur facebook et par emails et m'être enfin décidée à appeler la police dans un pays que je ne connais pas, craignant pour sa vie et la mienne, ajouté à l'état plus que douteux de la voiture que m'avait prêté l'Escroc, la voix couverte par les larmes au téléphone, les heures nouées à errer dans les cafés pour trouver un semblant de connexion internet ou un visage accueillant, d'appeler ma mère, désespérée, sans aucune solution, du fin fond du territoire hostile, de l'entendre décrocher, haleter et sangloter au beau milieu de la nuit alors que j'essaie moi-même de retrouver un souffle et d'analyser la situation. D'entendre le bruissement de l'amour infini des êtres chers, de savoir que ma vie leur est plus importante que la leur, de réaliser qu'on ne peut enlever cet espoir et ce sentiment indélébile de l'amour parental. On n'oublie jamais les causes et les personnes qui ont fait pleurer une mère. Si j'essaie encore aujourd'hui d'apaiser ma colère et les 2 mois d'humiliation et de manipulations, après avoir essuyé les inutiles sanglots et retourné chaque analyse de la situation, non, je ne suis pas prête de pardonner la stupidité des êtres qui ont fait souffrir ma mère et angoissé mon père. De comprendre par la même occasion l'importance d'avoir autour de soi des personnes qui quoiqu'il arrive feront tout pour vous sortir de la misère matérielle ou symbolique dans laquelle vous vous êtes trouvés. Chaque soir, j'ai cherché conseils auprès de mon père et chaque jour je recevais un email de sa part. De même, les échanges avisés avec mes amis facebook ont permis de relever l'anormalité de la situation... lorsqu'un beau matin, je finis par me retrouver seule, dans une caravane, au sein d'un camping miteux, à l'extérieur d'une des bourgades les plus hideuses de l'île du Sud de la Nouvelle Zélande, abandonnée comme une pesteuse par mon amie et son inculte gourou, Richard.


Maintenant, il est grand temps lecteur que je te raconte l'histoire de Heathcliff et Cathy.

 

 

 

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