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25 juin 2010

Ton amie photographe au R.S.A. fait le point. En


Ton amie photographe au R.S.A. fait le point.

En écoutant cette petite reprise mélancolique...


25 juin, un an jour pour jour après la mort de MJ et la fin sonnée de ses études, ton amie photographe au R.S.A. (qui dédie cette page à son amie chômeuse) dresse la pointe de son nez vers le ciel, prend une grande inspiration et fait un retour nostalgique sur le sillon qu'elle continue consciencieusement de creuser.

Ton amie photographe au R.S.A. veut réaliser de belles rencontres et veut vivre de son travail de photographe "plasticienne"/artiste/contemporaine..." —"whatever l'appellation sur l'étiquette". Elle engage donc ses forces et sa ténacité dans la mise en œuvre de l'occupation du terrain de la visibilité, tout en s'allouant du temps et de l'énergie pour continuer ses photographies.
En quoi cela consiste-t-il ?

1. garder la foi en son travail et s'évertuer à réaliser l'image photographique qui dépassera la précédente.
2. constituer des dossiers artistiques pour réussir à décrocher (un jour) une résidence, un concours...
3. rencontrer des personnes du milieu de la photographie (photographes, critiques, iconographes etc.)
4. construire sa morale de vie (s'affranchir du monde du marché pour "résister", en grande admiratrice de G. Deleuze), sculpter son existence.
5. se passionner pour les autres, qu'elle rencontre — volontairement ou hasardeusement — le long de son chemin (lié à son éthique n°4)
6. accepter et se détacher des contraintes financières qui lui pourrissent parfois l'existence.
7. inlassablement faire preuve d'honnêteté intellectuelle, dans ses pensées et ses actes/gestes.

Oui, ton amie photographe au R.S.A. rame et s'acharne.
Elle rame parce qu'elle ne connait rien au monde du "rézo" (qui rime avec zéro) et qu'elle mène sa barque avec ses tripes parce qu'elle place trop souvent la photographie sur un piédestal; qu'elle pense qu'il faut agir contre le cynisme ambiant et l'exploitation des masses. Que si elle continue à écrire de la sorte, elle va parler politique mais qu'elle s'y refuse. Que la vie est trop brève pour que l'on accorde de l'importance aux moribonds. Qu'il lui faut écrire et faire pour palier à la morosité. Que le travail, l'effort et le sens sont des valeurs qu'il ne faut pas mettre dans n'importe quelle case. Que le dilettantisme et le laisser-aller sont aussi des valeurs à préserver pour pouvoir continuer à célébrer le libertarisme. Que peut-être la chômeuse docile qu'est ton amie photographe au R.S.A. s'emballe à écrire ces quelques phrases comme des pamphlets mal léchés. Qu'elle s'excuse de lire les révoltés.

Elle s'acharne, dans son domaine qui est le sien, à ne pas perdre de vue "la globalité" du monde qui l'entoure; à construire une œuvre qui fasse sens; à se plier aussi aux exigences, aux voies institutionnalisées tout en gardant à l'esprit que les grands artistes ne se laissent pas acheter. Elle pense à des gens comme Robert Frank, Marc Trivier ou Harry Callahan qui ont marqué son parcours par l'imprégnation des leurs. Elle s'acharne et au fond, elle n'a pas vraiment besoin de "reconnaissances" ou de "félicitations", elle n'a finalement besoin que de peu de choses dans cette société hyperconsumériste, incluant aussi l'hyperconsommation des productions artistiques. (Ton amie photographe au R.S.A. a en effet découvert la pléiade de concours, galeries, publications et résidences d'artistes, sans pour autant avoir réussi à en intégrer une seule !)

Alors, bon, elle se relit et elle voit qu'en voulant détailler son travail et en recherchant à pratiquer son existence, elle en vient à parler politique. Drôle d'époque. Ton amie photographe au R.S.A. doit avoir trop lu Le Monde et Libé ces derniers temps... Elle te l'avoue, elle est tombée amoureuse de Bernard Stiegler (mais qui est-il ? réponse: ). C'est vrai que le chômage donne du temps et le temps permet d'observer, lire, méditer et  penser. Alors, bon, tant pis. De bon aloi, elle traîne ses guêtres sur internet parce que lorsqu'elle réalise des "dossiers", Cvs et autres lettres de motivations, elle passe des journées entières derrière son écran à lire des pages de wikipédia, discuter sur facebook, écouter tout et n'importe quoi sur deezer et spotify, passer en boucle des vidéos sur Jean-Luc Godard () et Fabrice Luchini (), se consoler de ne pas pouvoir observer le cirque généralisé arlésien, comme chaque année, par manque de blé, en revoyant Sally Mann au travail () et en pensant aux corps bronzés de Malibu ().

Malibu, ses plages, ses sundæs, ses patins à roulette, ses corps huilés et botoxés, ses maillots échancrés... Une belle politique de vie creuse et voluptueuse. Elle se le demande, ton amie photographe au R.S.A.: "Mais pourquoi donc se faire chier à faire sens de son existence ?", alors qu'elle pourrait se dorer la pilule à Malibu  beach en bikini et commenter joyeusement les tablettes de chocolat de Brandon, Kevin et Justin.

Pour répondre à cette question, ton amie photographe au R.S.A. a invoqué tous les gourous et prophètes de tout corps d'armée et spiritualités et en est arrivée à la non-conclusion suivante, visuellement condensée par ce magnifique générique:



Voilà où les choses nous mènent quand on se fait chier.
(Réjouis-toi lecteur, tu as échappé au générique de Sex and the City)

Si, lecteur, tu n'arrives pas à comprendre comment tu as pu passer de la douce mélancolie de Christopher O'Riley, au début de ce billet, au générique pop de la série télévisée Melrose Place et si cette non-conclusion te semble obscure, ne t'inquiète pas, ton amie photographe au R.S.A. veille à éveiller en toi ce rapport dissocié et métaphorique de relation trouble et sereine face à l'existence, correspondant à l'image de sa propre "recherche de pratique de l'existence" dont une réponse se trouve... ici.

 

 

 

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Commentaires
M
Je suis touchée de l'hommage que tu rends à ton amie chômeuse, qui partage, bien sûr, tes positions. <br /> <br /> Et je ne peux que t'encourager à continuer d'accompagner ta quête visuelle par le récit écrit des réflexions qui te taraudent. Parce que tout cela sonne juste, et que ça fait du bien à lire...
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