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31 mai 2012

Brouage — juillet 2006 SoulmatePeut-on écrire sur

ag_brouage_2006
                  Brouage — juillet 2006

 


Soulmate

Peut-on écrire sur l'Amitié ?
La plus belle expérience de la vie.

Je connais Anne-Gaëlle depuis la classe de 6e.
Notre histoire a commencé dans un bus.

photographie prise par AG — 1994


J'étais en froid avec ma copine de l'époque, Gwenaëlle. Ce soir là, je me suis assise à ses côtés dans le bus scolaire qui nous ramenait de Calais, après un séjour de 3 jours en Angleterre. Nous avons chanté en bon yaourt crémeux les paroles de Heal The World de Michael Jackson. C'était l'époque des baladeurs cassette.
Nous sommes devenues inséparables.
Bon gré mal gré, la vie a tenté de nous séparer à maintes reprises, sans succès: changement de classe, changement de lycée, changement de lieux d'habitation, changement de travail, changement de carrière, changement de pays et évolution de nos goûts et de nos désirs.
Quand j'ai changé de lycée, nous nous écrivions de longues lettres. Pendant les grandes vacances, nous continuions à nous écrire. Je venais la voir au Château (notre école: l'ancien château de St Louis), le mercredi après-midi. Nous discutions sur un muret de pierre avec pour seul horizon, un parking. Quand je suis partie m'établir en Angleterre pendant une année, j'étais pétrifiée. Je devais quitter ma famille. Je devais quitter mes affections. Je devais quitter mon pays, celui d'une identité. Je devais quitter mes habitudes. Elle m'a accompagnée jusqu'à Londres puis j'ai pris un bus, seule, pour la ville de Leeds. Quand j'ai quitté Leeds, elle est venue m'aider à déménager les maigres — mais lourdes — affaires accumulées. Quand je suis malade, elle parcoure les kilomètres entre deux jours de travail pour venir me voir. Alitée suite à la mononucléose, elle était venue m'offrir les deux tomes du journal de la plus ambitieuse des écrivains. Quand je me suis évanouie dans le TGV à notre arrivée à Paris, elle est allée chercher les secours et m'a veillé à l'hôpital.
Quand la vie devenait parfois trop étriquée, nous nous appelions et organisions de courtes excursions en Normandie, en Charente-Maritime, dans le Massif Central ou en Europe.

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 ag_la_cotiniere_2006AG à La Cotinière, juillet 2006


C'est avec elle que j'ai passé les plus beaux moments de ma vie: rire aux éclats, faire le clown, chanter des chansons stupides en voiture, regarder des films et des séries toute la journée, boire du pétillant au bord de La Loire, boire un chocolat chaud dans le train de nuit pour Berlin, se baigner dans l'Atlantique et en mer Méditerranée, faire du vélo à Amsterdam, du pédalo à Chartres, pique-niquer en haut des montagnes et sur les plages, assister au coucher du soleil à la pointe de Chassiron et à Brighton, marcher sur les lacs gelés d'Orléans La Source et de Châlette sur Loing, passer des nuits sans sommeil à démêler les petits nœuds pénibles ou évoquer les tissages soyeux de nos existences, partager et analyser les visions, les doutes et les sentiments en déambulant sous la pluie, dans la neige ou jusqu'à l'épuisement des rayons du soleil.

C'est avec elle que j'ai réalisé mon plus beau portrait photographique, celui que j'ai longtemps cherché sans le savoir et qui s'est révélé comme l'accomplissement parfait de cette recherche le jour où l'image s'est présentée sur le papier.

Elle représente cette force et cette énergie que je ne pense pas posséder. Elle est toujours pleine de surprises, d'enthousiasme et d'envies.
Elle a toujours sublimé mon quotidien.


               Anne-Gaëlle à Maussane-les-Alpilles                                                 Montargis (2008-2012)


Elle aime profondément le mouvement, aurait voulu être hôtesse de l'air, se passionne pour le heavy métal, les trains, les voyages et les régions volcaniques. Son dernier séjour en Islande a été décisif. Elle était d'ailleurs déjà partie au Canada pendant un an travailler avec un visa puis était revenue en France.

Ce dimanche 20 mai 2012, elle est partie s'établir en Nouvelle-Zélande.
Je l'ai accompagnée jusqu'à l'aéroport. Jusqu'à la dernière minute, moment où elle a emprunté le tapis roulant qui la conduisait vers son avion, j'ai montré que c'était un jour comme nous avons l'habitude d'en partager, un jour heureux. Lorsque je suis revenue par le RER B pour reprendre un train à la Gare d'Austerlitz, j'ai ressenti une lourdeur muette et un abattement sourd. J'ai eu l'étrange sensation de me diriger vers mon passé.
En écrivant ce texte, la gorge me serre et les larmes s'écoulent. Maintenant, je ne puis plus les réfréner. Je pense parfois à ce que nous avons vécu ensemble, parfois à ce qu'elle représente pour moi. Sa présence me manque terriblement, même si nous savons que nous nous écrirons, appellerons et que nous nous reverrons.
Je ne puis exprimer que des banalités sur notre amitié et prendre conscience qu'être loin de quelqu'un qu'on aime c'est un peu comme se perdre et ne plus savoir qui on est. J'ai perdu une partie de moi-même ce dimanche.

Les anglosaxons parlent de soulmate qui définit à la fois le/la meilleur ami(e) et l'âme sœur.
Nous sommes bien constituées du même bois, Anne-Gaëlle et moi et pourtant, nous sommes des personnes si différentes.

L'amitié est bien la source de toutes mes joies et de toutes mes extases. Je me souviens de moments extatiques et joyeux en solitaire mais ceux-ci n'ont pas la même profondeur. Les observer, les ressentir et les partager dans l'échange avec l'autre font de ces sentiments une source intarrissable, une force sans mesure et un potentiel sans cesse réactivé. L'amitié est toujours une promesse de bonheur. Si l'amour semble souvent se construire sur l'attente et l'expectative, l'amitié se construit sur l'entente et la (re)connaissance, ce qui compose à mon sens un état d'esprit et d'être pleinement serein et harmonieux. D'ailleurs, je ne peux assurément penser qu'un amour solide ne se construise sans amitié.

Alors si ma soulmate a pris le bus, une nouvelle fois, pour s'accomplir dans un changement de ses perceptions, ma destinée est d'en faire autant: d'acheter à mon tour le ticket — physique et métaphorique — qui me permettra de nous retrouver, à 30.000 kms de nos corps, à 3 semaines de nos échanges épistolaires ou à 3 secondes de nos enchantements.




 

Jeudi 24 mai

Exposition Chris Killip au BAL.
Sublime.

 

 

My favorite band of the year

 

 




Rencontre avec l'écrivain Pierre Bergounioux

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© guillemette m., Pierre Bergounioux chez lui, lundi 28 mai 2012






22 avril: VOTE 1er tour
6 mai: VOTE 2nd tour
7 mai: fin de mon contrat temporaire comme vacataire

pipe

 

 

 

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