Color seem to fade...
Roll on Roller !
Je poursuis et finis mon stage avec Olivier Roller.
On enchaîne les prises de vues, les sacs remplis de néons et de pieds, les scans, le dépétouillage intensif, les aller-retours en métro, les différents labos, les conversations sur ses envies, les cafés à son studio, sur la terrasse de Libé et parfois, j'enchaîne les crises d'anxiété dans le RER D ou dans le M 8.
Que deux malaises à mon actif cet été (dont un sur un bateau). J'absorbe l'humour de Richard Brautigan. Malaise sur un bateau = malaise compte triple. 26 points. Une nouvelle prise de sang, la routine. Placébo au B6 tous les matins. La tête dans le miroir au lever, j'ai la nausée de la spasmophile hypoglycémique. Le soir, pour tenter de comprendre mon état et après le riz cantonnais, j'assiste un docteur puéril et brillant dans ses découvertes psychologiques. Il fait chier le monde et le monde l'adore. Moi, je trouve sa barbe sexy. Salaud, il a quitté Sela Ward pour se noyer dans une solitude addictive. Je trouve les sourcils de Sela sexy.
Je change, je prends le RER D puis le M 11 car j'adore les odeurs
putrides de Châtelet et surtout les deux tapis roulants qui mènent aux
vitamines du bonheur, annoncées par les affiches de l'usurpateur à
Versailles. Merde, j'ai re-mixé Carver, à la virgule prêt. Je blinde mes oreilles pour ne pas voir la tête de notre président, ni de sa femme, ni de son fils, ni de son copain l'acteur, ni de... et ruminer la honte et la rage de voir l'état s'ensabler dans l'outrancière surexposition du pouvoir et de l'argent. L'écran de mon ipod boude. Il a décidé de ressembler à une oeuvre de Morris Louis. La vengeance de
la pelouse n'est pas loin. Le désert a une frontière. J'esquive Paris le week end à la recherche
d'espaces verts et silencieux. Pauses photographiques. Des plan-films jusque sous l'évier. Des portraits dans chaque jardin public ou "sénatorial". N'est pas public ce que l'on croit. Le philosophe d'Argentan me portera mon pied. Le Père Lachaise reste à exploiter.
© Olivier Roller
Olivier accroché à son portable et à sa boîte mail. Le crâne souvent rasé. Compulsif de l'activité, je m'adapte au virage protestant. Je lui montre les photos de Jock et d'Emmet. Nous sommes d'accord sur les photos de Charles Fréger et légèrement blasés des Rencontres Mode-r-nisifientes. Ici ou là, une rare percée intéressante.
Michel est bien mort. Carole a arrêté de travailler. Agv s'en crisse, elle va s'en aller. Violaine tente de se perdre dans la nature fourmillante. Flora explore les contrées aborigènes en van. Françoise ne donne pas de nouvelles. Aurélie semble irritée. Teng Fei se lance dans la traduction. Chloé a grandi, elle est submergée de colles. Philippe parle toujours politique. Sabine est à nouveau célibataire. Stan a fini sa BD. Vincent me prête ses clefs. Les grand-parents font avec, ils sont en plein quatre-vingtième année. Ivana et Faten ne répondent qu'à mes textos. Sarah est en Urugway dans la solidarité. Romain a acheté un appartement. Marie et Bertrand ont terminé leurs mémoires. On m'a raconté: Michel a été dispersé le dimanche 14 septembre sur la côte de l'île de Port-Cros.
C'est officiel, mon ordinateur a planté.
© Olivier Roller
Je perds 3 nouvelles, un poème et un certain logiciel photo récupéré. Le yashica n'obture plus. Je recherche un crack. Je gagne 2 virus et un spyware, bien malveillant. Procirep fait un devis. Je découvre Amos Lee dans un auto radio entre Chartres et St Nazaire. 174 euros. Je me sens parisienne: je reçois ma carte navigo. Bustamante fait de l'art pour la bourgeoise de plus de cinquante ans. Toujours sidérée par Rouault mais désappointée par la philosophie adolescente de Tichy. Leibowitz inégale et mal accrochée. Heureusement, Avedon décape les gens tout sauf au karcher. Je convulse à l'idée que Greg, le boiteux mal rasé, ne soit qu'un ours mal léché. Bouvier me donne envie d'aimer les insectes et John Donne s'apprête à réchauffer mes nuitées. Le matin désormais, ça sent l'hiver. Olivier a un déjeuner. "On se reverra". Des pâtes au beurre en solitaire.
Le stage est terminé.
Considérons le passé comme un brouillon.
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Ordinateur réparé, je réécris les choses d'une autre façon.
Carry On
Come on
Get up
You must go on
And now you feel so crushed
The end is not near,
The curfew’s gone
Hey Pain
Move over and leave Love alone
Now that the world seems much heavier then
Disaster is not what you’ve known
Wait your turn and carry on
And carry on
And carry on
Take a breath
Take a long breath
And walk in front
Don’t fall back on your easiest painful days
Find yourself a life that matters
Be alive
Stay strong
And carry on
And carry on
Now that the world seems much heavier then
(Welcome to the real world)
Come on, get up and carry on
Hold on, get up, stay strong
Guillaume et Bertrand du groupe YuLeS